A hot breath licks the face of Tewfiq Baali, at threshold of worn building where he lived for four years. He descends to the Debussy Street, along a sidewalk overheated and headed resolutely toward the center boulevards. He searches the shadow, hugging the walls. He evolves with difficulty. He blinks constantly eyes. His tongue is pasty. He swallows hard saliva. There is no traffic, except a bus that passes at given moment, with the characteristic scraping of its tires on the pavement, in its lane of traffic. A homemaker shakes inconsiderate a blanket on her balcony. A cat scours with caution in a bin.
Today,
he feels so alone ! So strangely alone... He sees himself, during all the years
of his schooling, sitting in front of a blackboard, laterally a bay window
overlooking an unchanging landscape. And sometimes to the left of the stage,
sometimes to the right, while the planet Earth invariably conducting its
revolution around the sun, the system continuing unabated its fantastic ride in
the cosmos, presented himself every day, and at every hour in front of
students, a holder of oracles constantly
lavishing toward them a an ideal moral and civic code, while distilling
them, fortunately, some basics of universal knowledge.
The
other life so dear to his heart life would have taken place in the wonderful
world of happy childhood, to the high pastures in the footsteps of Heidi and
her grandfather. She would not have been closed as here, made for himself, his
measure, Ô my God, if only painfully !
He
arrives at the
«Well, one last time, he says. »
Students
discuss by groups at the building entrance. Others sat on the front porch
steps, blissfully smoke their cigarettes in defiance of religious prohibition,
probably to pass as orthodox revolutionary for the eyes of the regime. He salutes with his head some squatting
acquaintances. He climbs three floors, and circulates in a maze of corridors
that smell stencil.
L'autre vie si chère à son cœur se serait déroulée dans le monde merveilleux de l'enfance heureuse, vers les hauts alpages, sur les traces d'Heidi et de son grand-père. Elle n'aurait pas été en vase clos comme ici, faite pour lui seul, à sa mesure, ô mon Dieu, si douloureusement seul !
Il arrive Place de l'Émir et s'engouffre d'instinct dans le hall de l'Institut. Décidément, à la différence de la majorité des passants frappés par une sorte d'hébétude collective, il donne l'air de quelqu'un de pressé.
«Bah, une dernière fois, se dit-il.»
«Heum... Vous voulez, grommelle le dormeur, à la vue de l'intrus, en se trémoussant dans tous les sens, manifestement de mauvaise humeur plutôt qu'honteux d'avoir été surpris dormant pendant des horaires de travail ?
– Bonjour... C’est encore moi, annonce avec un visage fermé le visiteur.
– Qu'est-ce qu'il y a pour votre service ?
– Voyons, voyons... Vous savez très bien ce dont il s'agit...
– Vous croyez ? Heum... Je ne sais même pas ce que j'ai mangé la veille au soir...
– Comment ça ? Je suis venu vous voir hier ! Et presque tous les jours du mois de Septembre !
– Bon, bon ! Ne vous emballez pas... Allez, dites-moi ce que vous voulez et qu'on en finisse !
– Combien de fois faut-il vous énoncer l'objet de ma visite, réplique son vis-à-vis, subitement excédé par tant de frivolité ?
– Autant de fois que nécessaire, pardi ! Sinon, comment savoir ce que vous êtes venu chercher ? Vous pensez bien que mon cerveau a autre chose de bien plus important à retenir que les noms des étudiants et leurs desiderata. Vous vous appelez ?
– Votre quoi ? Que vient faire votre... , bégaye-t-il...
– Je répète ma question...
– Baali?... Tewfiq Baali, lâche presque sans voix le visiteur, désarmé, annihilé par cette réplique disproportionnée...
– Quelle année ?
– La promotion de Juin. J’attends la réponse de la Commission.
– Voilà ! Au moins, comme ça, je peux orienter mes recherches, argumente l'employé en haussant les épaules de suffisance !»
Le visiteur ne voulait pas en arriver à cette brouille inutile. Il avait juste trouvé stupide de redire la même chose. Il n'avait pas manifesté son impatience les fois d'avant où était venu ici. Simplement, maintenant qu'il doit quitter Mezghena, il aurait souhaité être fixé définitivement sur l'issue qui a été réservée à son dossier. Du reste, l'attaché d'administration ne parait nullement impressionné par l'incartade de ce jeune étudiant aux traits, qui lui semblaient de prime abord, plutôt à la limite de la timidité, et qu'il considérait, ni plus ni moins, que comme un visiteur importun.
L'homme réfléchit un moment. Il a la mine indifférente de beaucoup de bureaucrates, et elle n'inspire pas confiance ! Tewfiq Baali est sûr que ce dernier n'ignorait pas le motif de sa requête, mais voulait encore une fois le faire marcher, sinon carrément «l'envoyer paître», comme on dit.
Finalement, l'employé décide, avec une mauvaise volonté manifeste, d'ouvrir un tiroir et d'en tirer un classeur à courrier. Puis il compulse une liasse d'enveloppes, tout en baillant inconsidérément. Il en soustrait un pli en hochant la tête de scepticisme, et le remet platement à son destinataire.
«De toutes les façons, j'avais l'intention de faire suivre la réponse en recommandé à votre adresse, fait remarquer l'agent.
– Puisque je suis là, je vous épargne donc les frais d’acheminement postal, n’est-ce pas ? L’Institut doit être pionnier en matière d’application des économies d’échelle...
– Inutile de vous fâcher, jeune homme... Ah, vous les étudiants... Toujours compliqué de dialoguer avec vous... Qu’est-ce que j’en ai à foutre des économies de... quoi ? Heu... Je vous voyais venir vous, avec vos réponses futées ! Maintenant que vous avez ce que vous voulez, il vous suffit de parapher ici, s'il vous plaît, et qu’on en finisse !
– Ce n'était pas trop tôt, murmure d'une voix cassée le demandeur, qui gribouille sa signature sur un carnet d’accusés de réception.»
Aujourd'hui, il aurait signé son arrêt de mort tant la lettre qu'il tient entre les mains peut faire basculer sa vie dans un sens ou dans un autre. Sa respiration s'accélère. Il déchire sans attendre l'enveloppe beige, à en-tête officiel, et déplie frénétiquement le document qu'elle contient, rêche au toucher. Son contenu, ronéotypé, pré signé, coupant au milieu de la page, est bref, sec, terriblement fonctionnaire ! Son cœur vient de faire un bon en avant. Il n'a pas besoin de relire. Ses bras se relâchent le long de son corps.
«Bien, c'est fini... Plus d'alibi maintenant, se dit-il, avec le même chuchotement imperceptible, en fermant les yeux...
– Vous dites, s'enquiert le préposé, vaguement curieux, mais devinant à coup sûr le contenu de la correspondance ?
– Heu... Rien. Merci, répond son interlocuteur, après un moment d'absence.»
Il revient vers la porte à reculons. Tout en battant en retraite, il lève la tête vers le plafond avec des traits qui traduisent l'impuissance. L'employé le fixe avec une expression idiote, tandis qu'il scrute une salissure au plafond. Tout doucement, il actionne la poignée, avec la main derrière le dos, sort, en continuant de fixer la moucheture jusqu'à ce qu'il referme le battant. Il reste longtemps face à cette embrasure, comme pétrifié. Il a déjà fait une boule du document qu'il tient à la main et le lâche. D'aussi loin qu'il se souvienne, il n'a jamais jeté un papier inutile que dans une corbeille. Ā l'évidence, il a décidé que cette lettre ne méritait pas de se trouver dans une de ses poches. Il est hors de question qu'il fasse appel maintenant. Il est vain, devrait-il dire... Car jusqu'ici, il avait cru que son avenir postuniversitaire ne dépendait que de sa personne, de son savoir-faire, de sa volonté tenace, et non du bon vouloir de quiconque. Encore moins celui venant d'une personne morale sans conscience entre les mains des humains. Après quelques pas, il corrige son jugement.
«Trop facile et inutile de s'en prendre à la bureaucratie, pense-t-il avec amertume... C’est le système tout entier qu'il faut condamner... Qu’est-ce qu'un système, au fait ? Suis-je arrivé à bien le définir après quatre années de politologie débridée ? N’est-ce pas simplement ce foutoir où tout le monde trouverait son compte, en n'étant pas trop regardant sur ce qui se passe au-dessus de soi... Sauf pour des excentriques dans mon genre, évidemment... Trop dangereux et pas conciliants pour un sou.»
L'administration, ce monstre hideux des temps modernes, il la connaît bien maintenant. Il a eu le temps de mesurer, tout au long du labyrinthe de son cursus, l'aveuglement de sa force. Il sait désormais que les mailles de son filet emprisonnent toute la société. Qu'il est épuisant de chercher à lui résister. C'est comme une hydre à mille têtes. On a beau les couper, elles repoussent instantanément !
Il allonge son allure. Encore une fois, l'entrain qu'il veut se donner, comme pour surmonter un obstacle, ne dure pas. Il s'essouffle rapidement. Les couloirs de l'Institut sont déserts, silencieux, comme animés d'une hostilité qui ne le concerne que lui. Il s'arrête un moment à hauteur des tableaux d'affichage du premier étage. Ā un emplacement sont encore portées les listes des soixante-douze lauréats de sa promotion.
Que représente cette poignée de veinards parmi les cinq cent dix étudiants qui ont pris le départ, quatre années auparavant, de la grande course à l'assaut des titres technocratiques ? Une élite dévouée ? Une future légion de bureaucrates intraitables ? Ou simplement un contingent supplémentaire d'intellectuels gênants ? Ā son détriment, plutôt ce dernier cas de figure, n'est-ce pas ?
«Mon Dieu, nous sommes devenus sans le vouloir les rescapés d'une épopée obscurément chevaleresque, murmure-t-il avec émotion... On pousse l'outrecuidance jusqu'à faire abstraction de nos succès... De faire main basse sur nos espoirs... Le salut est ailleurs, pas dans ce pays... Je me corrige... Je veux dire, pas sous les auspices de ce régime.»
Une prude fierté éclaire tout de même les traits de son visage. Car son nom est encore là, en première ligne, narguant les ténébreux représentants de la fonction publique ! Il lui parait comme en surimpression, bien que les caractères soient un peu jaunis par le soleil de l'été. C'est une certitude, mais il en éprouve désormais le contentement du vainqueur blasé. Car il lui semble avoir gagné toutes les batailles, sans saisir ce qui aurait dû être la plus belle conquête, dans un univers idéal de gens raisonnables, de bien-pensants. Mais peu importe désormais ! Des fonctionnaires malveillants, ou bêtes et disciplinés, ont cru pouvoir le dévier de sa route. De toute évidence, le prochain cycle universitaire qui s'annonce recommencera sans lui. La Direction de l'Institut, à la rentrée, accueillera de nouveaux étudiants ambitieux, mais non moins crédules, et les échancrures des murs de l'édifice accumuleront de nouvelles couches de poussière noire qu'on n'essuie jamais. En toute vérité, comme un déclic cosmogonique s'est enclenché à son insu, le faisant basculer dans une autre dimension. C'est aujourd'hui seulement, à cet instant précis, qu’il réalise combien est devenue inutile sa présence en ces lieux, et c'est véritablement comme un intrus qu'il se dirige vers le rez-de-chaussée.(...)
La chaleur est légèrement tombée. Mezghena se réveille en crescendo, après une longue léthargie diurne répétée sans cesse depuis un mois. Tewfiq Baali revient sur ses pas. Sa progression est lente et pénible vers les hauteurs du Plateau Sauliere, par ces ruelles montantes qu'il a empruntées des milliers de fois, après la quête du jour d'un trop-plein de savoir tendant vers un peu plus de rationalité scientifique féroce, sa foi quelque peu ébranlée mais jamais reniée.
(...)
«C'est comme un chemin de croix au-devant duquel on voit reculer la vie, se surprend-t-il à imaginer.»
Cette dithyrambique pointe de philosophie à image spatio-temporelle, qui a visité à l'improviste son cerveau, tranche étonnamment avec son impénétrable entendement habituel. Elle le fait sourire et l'inspire.
Lorsqu'il referme la porte de sa garçonnière, un trésor d'ombre, de fraîcheur et de silence l'accueille. La table est empoussiérée. Dessus est posé un carnet à ressort. En diagonale, un stylo.
Un léger tremblement s'empare de sa main droite. Ses paupières se mettent à frétiller involontairement. La pénombre de la pièce atténue l'aigreur des dernières heures passées dehors. De proche en proche, il ressent à fleur de peau les pulsations de la clameur électromagnétique de la ville. Des gouttes d'eau suintent du robinet.(...)
Il consulte sa montre :
«Dieu, il ne reste plus beaucoup de temps ! Allez, il faut courir, mon vieux ! Les rues sont vides ! Personne ne peut te voir ! Tu peux courir tout ton saoul ! Galoper comme un fou ! Toute ta vie, tu n'as fait que ça ! Ce n'est pas maintenant que tu vas t'arrêter ?»
Il s'élance lourdement. Les lumières vibrent et se tortillent sur sa rétine. Sa respiration s'accélère. Il augmente l'allure. Bientôt, il ressent une douleur lancinante aux articulations des mollets et des chevilles mais il ne s'arrête pas. Il poursuit son monologue :
«Ce n'est pas un départ, c'est une fuite ! Vite, avant que ne te rattrape ton orgueil d’intellectuel ! Sème-le ! C'est le moment de faire table rase de tes certitudes trahies ! De tes rêves tronqués ! Lorsque tes détracteurs se rendront compte de ta disparition, tu seras loin !»
Un souvenir lointain du temps des scouts déborde de sa mémoire et surgit devant ses yeux. Impulsivement, il se met à fredonner le chant patriotique familier qui s'y associe :
[1]Min jibalina talaa saoutou el ahrar...
Ā hauteur de l'Assemblée Nationale, il entend derrière lui le chuchotement caractéristique d'un minibus Vanholl qui arrive à plein gaz. Une centaine de mètres sépare ce boulevardier solitaire atypique de l'arrêt facultatif. Monter dans ce bus est maintenant pour lui une question de vie ou de mort ! Sa décision est prise ! C'est terminé ! Il faut décamper ! Par stop, à pieds, en rampant, s'il le faut ! Plus que cinquante mètres à parcourir ! Trop tard ! Le bus est en train de le dépasser ! Il s'arrête, se retourne tout haletant, et lève un bras impuissant en signe de découragement vers les phares aveuglants. Le conducteur l'évite très à gauche et ne s'arrête pas. Tewfiq Baali ne se rend pas compte qu'il occupe le milieu de la chaussée. Le bus semble s'éloigner à une vitesse supérieure. Il s'apprête à tempêter contre le chauffeur quand des freins puissants immobilisent le véhicule exactement au niveau du poteau de l'arrêt. Hargneux, le coureur esseulé serre les dents et se remet en mouvement, tandis que le receveur le presse d'un signe de main à travers l'ouverture de rappliquer. Sa course s'émousse, comme sur un ralenti de bobine de film. Qu'est-ce qui empêcherait le conducteur de repartir en laissant choir ce client qui arrive si près de la portière ? Personne ne lui ferait de reproche. Il aurait appliqué bêtement le règlement. La plaque marque bien : «Arrêt facultatif».
«La régie n'est pas responsable des traînards, aurait confirmé son pointilleux responsable hiérarchique !»
Quel contrôleur extralucide s'aviserait de venir s'embusquer à cette heure étrange de la nuit derrière l'abribus, pour confondre les passagers resquilleurs et les employés indélicats qui brûlent les haltes ? Auprès de qui protester, si l'inspecteur prend la défense de son collègue ? Non ! Tout cela n'est que gymnastique intellectuelle stérile. Ce cas de figure ne se passe pas comme dans la tête de Tewfiq Baali. Finalement, on l'attend. On lui ouvre. L'après rupture du jeûne est un moment de relaxation et de convivialité pendant lequel les visages des gens reprennent un peu de bonhomie et... leurs cœurs laissent sourdre un soupçon d'humanité. Il monte, sans le souffle, en jurant sournoisement contre sa poisse.
«[2]Saha
f'tourek, lui lance le chauffeur d'un air amusé.
– [3]Anta
zada, répond le passager, entre deux respirations.
– J'aurai pu vous
écraser jeune homme, fait pertinemment remarquer son interlocuteur.
– Qu’importe ! Vous
auriez ôté la vie à quelqu'un qui est devenu inutile sur cette terre,
répond-t-il hargneusement !
– Pourquoi ce pessimisme, s'offusque le machiniste, en redémarrant avec un sourire narquois ? La vie est belle... Il faut toujours prendre les pires choses du bon côté... Tenez, nous autres [4]ouled el assima, nous avons la chance d'habiter le [5] Sahel, [6]ya mhaynek ! Comparée au Sahara, n'est-ce pas un paradis terrestre qui nous est offert par la nature ?»
Son interlocuteur ne répond pas à cette affirmation, séduisante d'apparence, comme tous les faux semblants qui foisonnent dans cette grande ville. Il était à deux doigts de répliquer ainsi :
«Gardez-la pour vous, votre capitale ! Elle vous va si bien ! Que savez-vous des espaces libres et dégagés du Grand Sud ? Du vertige des montagnes de Heidi ?»
Ç'aurait été une méchanceté inutile, qui n'est pas dans son tempérament, et à l'encontre de sa propension naturelle à la sociabilité, que son apparence extérieure ne laisse pas s'exprimer à sa juste valeur...
Le receveur sifflote joyeusement. Le passager le paye avec l'unique pièce de vingt centimes en cuivre qui lui restait dans la poche depuis le début du mois de Ramadhan. Moisi en sus...
«Ah, si mes quêtes pour l'éclosion de la vérité pure, de la justice sociale, et de la fraternité universelle pouvaient s'incarner et atteindre leurs pleines mesures dans une vie simple, comme celle de ces employés de la régie de transport, se dit-il !»
Un air évanescent de [7]Chaâbi lui parvient d'un balcon. Les lanières de cuir qui pendent aux barres d'appui reprennent leur étrange danse rythmique. Le bus est vide.
(...)
L'horloge de la Gare Centrale marque 19h49. La salle d'attente fourmille littéralement de voyageurs alors que les abords du Terminus paraissent déserts. Tous les guichets affichent «Complet». Tewfiq Baali tire un billet de banque de la poche de son pantalon sans sortir la liasse et achète au kiosque un paquet de cigarillos. Son poignet est douloureux. Il essuie la sueur à son front avec le revers de son blouson et se faufile rapidement vers les quais. Ce qu'il voit l'abasourdit.
Sur les esplanades,
dans les compartiments, dans les couloirs, dans les toilettes, sur les
toitures, à perte de vue, une marée humaine imposante gronde et proteste. Les
voyageurs sur les quais se heurtent à une résistance tenace des occupants de
voitures. Ā chaque assaut, la vibration des semelles sur le béton fait penser à
un tremblement de terre. La police militaire tente, vaille que vaille, de
repousser les civils pour n'embarquer que les troupes. Rien à faire. Pas de
trouée. Toutes les voitures dans toutes les rames sont bondées, pleines à
craquer.
(...)
Le train s'ébranle, puis avance doucement. Sa vitesse progressive apporte par les ouvertures un semblant de fraîcheur. Ils sont enfin partis ! Ils n'ont que ce train pour laissez-passer. Aucun contrôleur n'oserait venir leur demander leurs titres de voyage. Mais, au fait, vers quelle destination vont-ils tous ? Certes, vers l’Est. Pour les uns, c'est certainement un retour plein de nostalgie contemplative vers le passé. Pour les autres, probablement une fuite pour tenter de rattraper le futur... Pour quelques-uns, dont Tewfiq Baali, simplement l'instinct du voyage, comme un jet de dés, hasardeux ou miraculeux...
Malgré leur «chance» à tous d’avoir pu embarquer, ce dernier appréhende la nuit qui vient. En effet, leur départ s’est déroulé dans des conditions irraisonnées de sécurité. Il se demande si les voyageurs qu'il avait vus sur les toitures ont osé le pari périlleux d'y rester juchés, quel que soit le prix à payer. Ceux à l'intérieur des rames ne semblent pas logés à meilleure enseigne...
Ā la gare, un homme vient de marquer quelque chose sur un calepin, avant d’aller former un numéro à une cabine téléphonique :
«Allo... Oui, mon commandant... Il est parti.»
Son interlocuteur raccroche, se cale dans son fauteuil et sourit pour lui-même :
«Ā la bonne heure, pense l'officier supérieur... L'enfant prodige a finalement franchi le pas... Je le connais, il ne reviendra pas en arrière... Là-bas, il sera chez nous et ne pourra plus nous échapper.»
C'est l'adjoint du Chef
de la Sécurité Intérieure du district de Mezghena.
L’Aspirant Mohamed Amari, son compagnon de route, a failli entamer
un round avec le «Semaine», venu les secouer à l’aube comme de vulgaires bleus
de la nouvelle promotion ! Tewfiq Baali s'était interposé, évitant un incident
de dernière minute qui risquait de retarder leur providentielle mutation au
siège du 12ème Corps d'Armée. Les nouveaux appelés du contingent,
surexcités et angoissés, ne les ont pas laissé dormir, avec leur boucan
d'armoires, de lits qu'on déplace, et de déménagements intempestifs vers les
coups de minuit... Ceux-là non plus ne semblent pas avoir encore trouvé leurs marques
!
Dans la soirée, les deux nouveaux promus officiers avaient été
rejoints au bloc par les trois sous-officiers dont les noms sont portés sur
leur feuille de route collective. Leur groupe s’était replié dans un dortoir,
ne laissant aucun conscrit de la nouvelle promotion l’investir ! Là encore, pas
de mélange ! Ils s’étaient allongés sur des matelas nus, sans ôter leurs
treillis et brodequins. Ultime consigne de l'académie à leur endroit, car
l'opération de transfert ne devait souffrir d'aucun retard. Ayant réintégré
leurs couvertures, ils ont été contraints de dormir les mains entre les
cuisses, chatouillés par le froid ambiant qui règne dans la salle, gigotant
dans tous les sens, cogitant sans cesse, imaginant un check-point, à
l’évidence, trop parfait de leur débarquement à Shyrta...
La marche arrière du 4x4 ne passe pas... Le chauffeur doit
manœuvrer autour de la place d’armes pour retrouver la sortie... Tewfiq Baali
en tire une leçon... Il faut aller de l'avant... C'est ainsi que toutes les
armées du monde fonctionnent ! Il se rappelle les derniers instants passés à
l'université...
«Il n'y a pas de différence, se dit-il... Implicitement, on nous
demande de foutre le camp... Sauf qu'ici, les chefs ne laissent pas la poussière
noire s'accumuler dans les recoins obscurs...»
Quelques estaminets du centre-ville ont ouvert... Un marchand de
beignets... Un laitier... Des pères de famille font la chaîne pour le pain, car
une pénurie de farine pointe depuis le déclenchement des hostilités...
Le 4x4 ne roule finalement qu'en première, avec crabotage ! Le
camion émet une sorte de gémissement ininterrompu, à faire miauler d’effroi les
chats de gouttières... Les militaires parqués l'arrière ressentent avec acuité
les effets du froid, car il n'y a pas de bâche de protection. Ils ne bougent
pas... Peu importe ! Ils en ont vu d’autres !
Tewfiq Baali s’accoude à la fourragère avant du véhicule. Il se
fait un point d'honneur de rester debout, propre, fier, malgré le poids du
paquetage, dont la lanière lui écorche l’épaule, malgré la morsure du gel à ses
oreilles ! Il est demeuré debout jusqu'ici face à l'action psychologique
sournoise de l'armée, face à l'endoctrinement du régime... Mais le dernier
trimestre passé à Lembiridi lui a laissé un arrière-goût d'inachevé,
d'escamoté... Heureusement, son besoin d'évasion est plus fort que tout... Dès
lors qu’il a accepté de franchir le seuil de la caserne, afin de répondre à un
devoir national qui concerne la majorité des jeunes de son âge, il irait au
bout du monde si l'armée le lui demandait. Pourvu qu'il n'ait pas à tirer sur
des innocents, qu'il n'ait pas à faire pleurer des mères, qu'il n'ait pas à
spolier des territoires et à accaparer les biens d'autrui... Et surtout, à
condition qu'il ne soit pas un instrument de répression contre son peuple, en
colère contre ses gouvernants ! Ce qui est à l’antinomie même de toute armée
qui ne dispose pas de garde-fous démocratiques pour évoluer...
«A tout le moins, il faut prendre une nette revanche sur les pas
comptés de l'école, du lycée et de l'université, se dit-il... Même si les
nouveaux maîtres sont loin d'être des enfants de chœur !»
Décidément, le camion avance à la vitesse d'un convoi funèbre...
N'est-ce pas que leur départ a quelque chose d'étrangement singulier ? Pas
de grades... Pas de parade de fin de formation... Pas de permissions de fin de
stage... Des officiers dont l'accompagnateur est un sous-officier... Un
chasseur de prime, en quelque sorte ! Qu'ils soient des otages en attente d'une
hypothétique rançon, l'argument de leur captivité passe... Pour des bagnards,
le pas est vite franchi !
Le 4x4 arrive finalement à la gare. Allaoua consent à laisser
ses «protégés» prendre des cafés au buffet, en attendant l'arrivée de
l'autorail... Geste inespéré, qui leur parait d'un luxe exquis, tant ils ont
accusé de brimades, de privations, d'interdits, depuis qu'ils portent
l'uniforme de l'armée...
Il n'y a pas d'autres voyageurs qu'eux dans la salle d'attente.
Ce ne fut pas le cas la veille et les jours précédents, avec l'arrivée et le
départ des troupes. Une foire d'empoigne, qui commence et se termine sans prévenir
!
Des affiches de réclame, avec trains multicolores, ornent les
murs, face aux partants. L’administration ferroviaire les a placées là où elles
doivent amortir le choc de toutes les angoisses... Elle aime les veinards, ceux
qui s'évadent... Ce hall de gare est comme un tremplin de piscine. Il permet de
prendre un élan, mais ne préserve pas de la chute ! Les voyageurs
ont loisir d'apprécier les paysages au départ... Ils sont beaux, reposants et
donnent envie de partir... Au retour, on ne les voit pas... Ou plutôt, on feint
de ne pas les voir... Car, souvent, dans ce pays, les retours sont
douloureux...
Ô miracle ! Les deux officiers du groupe prennent un ascendant
inattendu sur leur accompagnateur lorsque le guichetier leur estampille des
tickets de première classe, au vu de leur grade sur la feuille de route !
Blessé dans son amour-propre, leur guide leur dit :
«On reste ensemble en 2ème, les gars ! Ne faites pas bande à
part !»
Tewfiq Baali approuve de la tête, l’air absent... Mohamed Amari
reste de marbre... Ce dernier chuchote à l'oreille de son camarade :
«Pas question d'aller en 2ème, Baali ! Bon dieu, pour
qui il se prend, celui-là ? Il n'est que sergent-chef ! Moi, je ne négocie plus
un iota de mon autorité désormais ! C’est comme ça ! Il y a ceux qui commandent
et ceux qui obéissent ! Je n'invente rien... Je prends le train en marche,
comme tout le monde ! [1]Tebki
emmou ou matebkich emma !»
Tewfiq Baali ne dit rien. Il y a longtemps qu'il s'est
désintéressé des luttes de leadership... Il veut faire quelques enjambées le
long du quai de la voie principale, pour se dégourdir les membres... Quelle
serait sa réaction si leur accompagnateur décidait de l'en empêcher ? Faut-il
lutter également pour respirer de l'air frais ? L'armée irait-elle jusqu'à
l'attaquer dans ce type de retranchement très intime ?
Le béton des quais est mouillé mais les premières lueurs de
l'Est annoncent une belle journée... Tewfiq Baali aime cette gare, construite
comme toutes les autres au temps de la
Belle Epoque... Elle a quelque
chose de romantique, que le ciel rougeâtre du levant prépare à la magie du
voyage... N'est-ce pas d'ici qu'il avait pris le départ, en pleine tourmente
guerrière, pour un paradis terrestre de l'autre côté de la mer ? Il avait à
peine quatre ans...
Que se rappelle-t-il ?
(...)
Une mère se réveille en sursaut, toute en sueur,
effrayée par le rêve qu’elle vient de faire ! Voilà presque deux mois que
son fils n’est pas revenu à la maison...
Trois heures du matin viennent de sonner au carillon
de l’horloge... Ce n’est pas encore le moment de la prière du fadjr... Baya
Baali se lève tout de même et va faire ses ablutions... Elle veut prier... Il
n’y a que la prière qui pourra lui faire recouvrer sa sérénité... Elle voudrait
implorer Dieu de protéger son fils... Elle et Abdelkrim ont tant souffert et
subi tant de privations pour faire grandir convenablement leurs enfants, leur
donner une bonne éducation, leur permettre de poursuivre des études
supérieures... Le rêve qu’elle vient de faire est terrible, saisissant de
réalité ! Elle sait maintenant que Tewfiq est en danger... Elle ne pourrait en
parler à personne, pas même à son mari... Son seul souci, désormais, est que
Tewfiq lui revienne sain et sauf... Il aurait bien pu appeler au téléphone, ou
demander à un des permissionnaires qui rentrent à Lembiridi de passer à la
maison réconforter la famille à son sujet ! Il n’était pas dans ses habitudes
de rester si longtemps sans donner de ses nouvelles !
«Avril, Mai, et Juin sont passés... Nous sommes à la
mi-juillet maintenant, se dit-elle... Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?
Pourquoi ce silence ?»
L’inquiétude d’une mère est un sentiment
terriblement angoissant, qui n’est pas perceptible avec la même intensité par
les autres membres de la famille ou des proches... Surtout après la cruauté du
rêve qu’elle vient de faire !
«Tewfiq est tellement sincère dans ce qu’il fait, se
dit-elle... L’exemple qu’il donne aux hommes de bonne volonté ne doit pas être
du goût des ennemis de la vérité... Ce sont malheureusement eux qui dirigent...
Ce sont certainement eux qu’incarnaient ces bêtes hideuses... Je dois
absolument le voir, pour le mettre en garde !»
Le jour se lève et rattrape le convoi à Madaure.
Farouk Zaïd conduit la land-rover en tête de colonne, avec Tewfiq Baali à ses
côtés, ballotté par les secousses, somnolant, abasourdi par la fatigue... Voilà
maintenant quatre heures que les camions roulent. Aucun incident n'est à
signaler. Nabil Chawki est dans la jeep serre-file, avec le Sergent Fahd comme
conducteur. Ce dernier a été choisi parce qu'il est né à Carthago et connaît
parfaitement cette première partie de l'itinéraire.
Tewfiq Baali garde les yeux fermés, mais il ne dort
pas... Un immense réconfort a peu à peu remplacé son angoisse au départ...
Dieu, cette fois aussi, a exaucé ses désirs... Un bout de route, la lumière de
l'aurore et le sentiment d'être responsable de quelque chose de tangible... Qui
aurait pu penser, la veille, avant le l'arrivée du message, qu'une cinquantaine
de militaires auraient le destin commun de traverser plusieurs frontières, sans
passeports, sans réflexion et projet préalables ? Destin bizarre... Même des
chauffeurs qui étaient aux arrêts ont pris le départ...
Le convoi s'étale sur un kilomètre et demi, avec des créneaux de cinquante mètres entre chaque véhicule. Son avancée est puissante, impressionnante... Pour l'armée, un des avantages de la conduite de nuit est de ne pas trouver beaucoup d'obstacles liés à la circulation routière, ainsi qu'une évolution dans une relative discrétion(...)
«Tewfiq Baali doit être neutralisé au plus tôt,
Madame, dit le Général-major Noui, Chef Suprême de la Centrale Prévention et
Sécurité, en martelant les mots au combiné !
– Mais nous n’avons pas encore pu prendre possession
de son journal, mon Général, lui répond le Colonel Chadia Ayat, Chef de la
Délégation Prévention et Sécurité du 12ème Corps d’Armée...
– Débrouillez-vous, Colonel ! Perquisitionnez !
– Cela ne servirait qu’à éveiller ses soupçons... Je
n’ai pas besoin de le faire car un de mes officiers habite le même chalet que
lui... Il n’a rien trouvé...
– Ça suffit ! Puisque votre filature n’a pas abouti,
trouvez un autre chef d’inculpation dans les jours qui suivent ! Intelligence
avec l’ennemi par exemple ! Puisqu’il fréquente une étrangère !
– Très bien, mon Général ! Je vais m’occuper
personnellement de cette question !
– Je n’ai pas besoin de vous rappeler pour ça une
autre fois... Je considère ce dossier comme dé-fi-ni-ti-ve-ment clos ! Nous
ferons en sorte que le Service Action de la centrale tire de lui le maximum...
S'il n'obtempère pas, il sera envoyé où vous savez !
– Pk-Zéro ? Il est trop tendre pour cet
endroit, mon général ! Nous risquons de perdre un gisement d'informations très
important !
– Faites ce que je vous dis, Colonel ! Il fait
partie de ceux qui comprennent les choses à demi-mot ! Il savait ce qui
l'attendait en refusant la proposition des autorités ! Maintenant, il sait trop
de choses ! Il devient très dangereux ! Celui qui n'est pas avec nous est
contre nous ! Nous savons que vous vous êtes entiché de ce jeune homme !
Voyons, ressaisissez-vous, Madame ! Vous êtes mariée ! Cela risque de
compromettre l'évolution de votre carrière ! Toute tentative de votre part de
retarder l'échéance de son transfert sera très mal vu par le commandement !
– A vos ordres, mon Général !
(...)
La lumière extérieure diffuse qui entre par les barreaux de l'ouverture supérieure décline vers le crépuscule. Dehors, le brouhaha du Centre de Transit du 12ème CA cesse peu à peu. Il est remplacé par le bruit de pas des gardiens dans les couloirs, très distincts, maintenant plus inquiétants. Une minuscule ampoule pend au plafond, mais personne ne l'allume lorsqu'il fait noir.
Depuis son incarcération la veille, le prisonnier est resté enfermé ici sans que personne ne soit venu le voir. Ni le matin, ni à midi, aucune nourriture de lui a été servie, pas même de l'eau. Le plus surprenant, probablement pour ses gardiens, c’est qu'il ne fait rien pour en réclamer... Périodiquement, une sentinelle vient l'observer, sans un mot, par le judas de la porte. Mais au milieu de l'après-midi, une animation exceptionnelle secoue le calme relatif du couloir, avec des éclats de voix, vraisemblablement entre deux parties adverses.(...)
Tewfiq Baali lance sa gourde fixée à une corde vers le trou rempli d’eau que lui et ses frères bagnards venaient de creuser. Le contenant fait «plouf» lorsqu’il touche le liquide et «glou-glou-glou», avant de se remplir. Il le remonte doucement, comme le bien le plus précieux du monde... Il porte le goulot à sa bouche et boit à petites gorgées une eau fraîche, légère, cristalline, d’un goût incomparable ! Il remplit sa gourde de nouveau et monte le talus. Les bagnards dorment sous l’arbre, anéantis de fatigue, leurs lèvres asséchées par la soif. Alors, il se met à les arroser de cette eau miraculeuse qu’ils ignoraient la veille avoir trouvée, dans cet oued qui serpente, à sec à sa surface, au fin-fond du désert !
Les hommes se réveillent en sursautant, palpent leurs visages humides et se dressent sur leurs séants, les yeux exorbités par la surprise de l’eau qui coule depuis leurs cheveux sur leurs visages.
«Bagnards, venez voir l’offense que vous avez commise à l’endroit du haut commandement militaire, leur crie-t-il à l’envolée, en dégringolant de nouveau le talus ! Accourez, bagnards ! Vous avez gagné votre plus grande victoire contre l’armée, contre celle qui vous a exilés dans la solitude absolue de ce désert aride à sa surface, mais si dispensateur de richesses dans ses entrailles! »
Les hommes le rejoignent près du trou et plongent leurs gourdes. Ils boivent goulument, et remplissent de nouveau leurs contenants, en mouillant leurs cheveux, leurs visages, leurs treillis... Ils se mettent à danser en se tenant à bouts de bras, autour du chef de projet, qui regarde vers le ciel, puis se met à ses genoux et dit :
«Merci, ô mon Dieu, pour ta Bonté ! Je n’ai jamais cessé de croire en ta Miséricorde pour nous autres humains faibles et pêcheurs ! Nous allons poursuivre notre œuvre au Camp Zéro ! Nos réalisations étonneront le monde !(...)
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Chapter 1 Volume 6 : Ultimate landing stage
Tewfiq Baali sees through a porthole of the military helicopter, far away, the ancient colonial fort of the Legion. This historic building had served after independence to relegate banished convicts from the national army and which certain restricted spheres of the political regime in place spelled, with barely veiled words, the «Camp Zéro», or «Kp-Zero» for the intimates... Invariably, The camp commander said to the successive contingents which arrived, by way of «welcome»:
«For me, you were already dead before you came here and you only have a number instead of your names...Consequently, your ultimate punishment, by way of forced labor, is to keep quiet... No talking among yourselves! You will apply the camp instructions displayed on the door of my office and you have no request to make! The Sahara is your hell and its sand, sooner or later, your only shroud!»
However, the site had later become an earthly paradise made by the hands of these same convicts...
This young man, whose intellectual capacities and diplomas seemed, there, of no use in the eyes of his guards, carried the n°87532 sewn on his prison uniform in beige cloth. Tattooing it on part of his body would have been the ultimate in cynicism… It would have been further proof of his captivity, but his torturers had not yet reached the degree of realism bordering on the sadism of the SS.. At the very least, has this callsign brought him luck so far? He did not prevent him from using his gray matter to find solutions tending to help save his captive brothers threatened with dehydration and starvation. That its detractors recognize it if not to say it openly! He wouldn't have come back here in a position of strength if that hadn't been the case, but he must remain modest, discreet and vigilant at the same time, because the International of Evil will certainly choose the right moment to trip him up again...
In the meantime, and without prejudging the bad fortunes of adversity in the desert environment, he must get the Camp Zero Bis Project back on track. He does not need to prove his viability a second time, but it is still through hard work that he will reach the end of his projections. He will then realize his renewed personal challenge of an atypical pioneer, whose ancestors were the pastors who had traveled these vast regions for millennia. Then, surely, the Sahara no longer appear, as it was often believed, irremediably sterile, hostile, cruel, treacherous, eternal enemy of men... In reality, it is to help the people of the desert that he has returned here...
The former condemned knew that this place of detention had been dismantled by the penitentiary Administration, shortly after his escape, when an international NGO for the defense of prisoners of opinion, requested by his friend Ann-Mary Mac-Lee, who later became his wife, had asked to inspect this penal colony, not listed on the official list of the country's prisons and submitted to the Office of the United Nations High Commission for Human Rights. At the time, the authorities had quickly transferred the convicts to other places of detention in the North and erased all traces of an experimental agricultural farm adjoining this open-air prison, temporarily transformed in a classic barracks. He himself had fled from there in extremis, before the aircraft landed carrying the commandos dispatched to neutralize him, destroy the agricultural infrastructure, get rid grain stocks, pulses and kill, oh my God, all the animals that lived there!
Hiding in the tunnel of the foggara, observing with tears the extent of the carnage and smelling the unbearable odor of the charred flesh of beasts, he had waited for darkness to leave his cache and go blindly towards the South, trusting his intuition and the semblance of a path that leads to the source, which his eyes, getting used to the brightness of the stars of the Milky Way, very bright at this latitude, had finally located. He will arrive at the first stage of his escape at dawn, before the resumption of searches by helicopters and pedestrian searches.
Borrowing the the riverbed of [1]Irharhar, towards the South, hiding under foliage during the day, walking at dawn and dusk, the fugitive had lost his trackers in an incredible way and they were Bedouins, whom he had incidentally helped to find locations of springs, who welcomed him, fed him, dressed him like them and made him invisible, even in some ways invincible, by leading him, step by step, alternately, towards the dark, secret and disturbing paths of the vertiginous canyons of [2]Tefedest, then towards the virgin, luminous, immaculate and beautiful mineral elevations of [3]Ahaggar...
Without him expressly apprehending it, he had gone towards this authentic, absolute, miraculous, sometimes cruel freedom, by putting distance between him and the relentless soldiers who tracked him down like bounty hunters, by land and sky, with for instructions to shoot him on sight, if he not obey at the arrest order... This freedom, however, he languished it since his childhood, buried in the depths of his subconscious, and he had suddenly rediscovered in walking on foot with these brave nomads in search of pastures, his brothers of historical destiny(...)
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[1] Large and long wadi running over more than 1000 kilometers, taking its source from the Tinhert plateau in the North, skirting the Ahaggar massif by the East and losing in the sebkhas on the southern border with Niger.
[2] First foothills of the Ahaggar chain.
[3] Mountainous massif in the far south of the country.
Chapitre 1 Volume 6 : Ultime débarcadère
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Chapter 1 of volume 7 "No one is prophet in his country"
Tewfiq Baali and his family are briefly introduced by John MacLee to Pitcairn Island officials. The latter will organize for the next day the traditional lunch offered on the main square as a welcome to the new arrivals, so that everyone can get to know each other. In the meantime, they need to set up their things in the small cabin on the hillside, from which their farm will be built, to recover from their emotions and get some rest.
The workers recruited by the businessman, responsible for the construction, use the island's only collective tractor to transport the construction materials and equipment unloaded from the cargo ship to the construction site.
“What is your first impression after landing,” said Ann-mary MacLee to her husband?
– ... The feeling of really being at the end of the world, replies the latter, after a circular glance at the rounded horizon of the North-East and further down, towards the steep shore... But happy to have come so far here after a risky crossing, with my family safe and sound...
– Here, we are going to lack everything, she continues, worried...
– Certainly less than at Camp Zero... But I imagined many more spaces to be exploited... The island is very steep...
– It's a place made for retirees... Despite some food crops and chicken coops, the residents are still waiting for the supplies offered by the New Zealand authorities...
– There is no question for me of taking early retirement... I will do everything to move towards food autonomy and encourage people to do the same, even if it means giving them a helping hand...
– The majority of residents are over fifty and will not be able to participate in major works...
– It will not be a question of erecting skyscrapers here but of making life easier for people... Always be one step ahead before the arrival of supplies, or even in the long term, be able to do without them ...
– The authorities refuse the massive arrival of new migrants... The workers who came with us must leave as soon as their work is finished...
– Yet the demographics here seem negative... There are more deaths and permanent departures than births...
– The island does not have sufficient resources to encourage massive emigration... The settlement conditions there are draconian and expensive... Father had to negotiate hard to obtain the concession...
– This is why we have to work hard to earn our living through the sweat of our brows...
– For that, I trust you, darling! »
During the afternoon, the little family works to give their disused cabin a semblance of comfort. In the common room, there is an old wood stove, a black marble vegetable garden, a table and two benches but no refrigerator. In the bedroom, there are a few sideboards and two dust-repellent hammocks. The only downside to their precarious and temporary installation: the view of Bounty Bay is superb!
The next day, Tewfiq Baali visits the place of his final landing very early, on foot, in order to have an idea of the prospects of the work that awaits him. The island has an area of 05 kms2. Very rugged, its relief is volcanic and the highest elevation peaks at 330 meters. It is the only inhabited one in the archipelago, the others, coral atolls, being Oeno, Hendersen and Ducie. Adamstown is the capital, the smallest in the world, it is said. It would be more appropriate to speak of a hamlet formed of scattered dwellings. The population does not exceed fifty souls, almost all over sixty, including some descendants of the Bounty rebels. There is a town hall which also serves as a composting facility for passports and stamping trade, a school, an infirmary without a doctor, a police station without police officers, with two detention cells, a supply store, a weather station and a Adventist Church.
The climate is tropical, the terrain is wooded, regularly watered by rain, but Tewfiq Baali notes that there is no permanent river, only a few disparate streams, because the volcanic earth seems permeable and does not retain water. This is the first major problem that the young man guesses he will encounter in starting his project.
The fauna consists mainly of seabirds, lagoon fish, crustaceans, lizards and small mammals. The latter being mainly introduced by humans (goats, pigs, hares, dogs, cats, rats, etc.)
The flora is varied, made up of endemic vegetation and market gardening or fruit species introduced by man, such as cassava, vegetables, bananas, pineapples, sugar cane and citrus fruits.
The inhabitants seem to abandon agriculture and rely on the income generated by crafts and tourism, incidentally from fishing, to make ends meet. Tension increases on the island when supplies run out, after a delay in the arrival of the supply boat from Auckland. At these times of scarcity, able-bodied men turn to ocean products, using the whaleboats made available to them. Like the residents, the authorities do not seem much concerned by this latent risk of famine, in the event of a prolonged delay in supplies, often due to cyclonic weather conditions in this region of the South Pacific.
Walking along the main road, sometimes tarmac or concrete, the tracks and paths of the island where his new existence will take place, Tewfiq Baali remembers all the stages of his life: his birth in Lembiridi, his early youth in Switzerland, nursery school in Thônex, primary and secondary school in Lembiridi, university in Mezghena, his military service in Shyrta, his romance with Fouzya Dorbani, his missions in a military convoy across the great South, his arrest by the secret services, his torture, his banishment to Camp Zero, the transformation by the convicts of the colonial fort into a prosperous agricultural farm, immediately dismantled by the army, his help as a dowser for the nomadic N'haggers, his flight through Tanega, his return to Switzerland to begin his thesis, his return to the country later to participate in national building, his placement under house arrest, his new escape by sailboat from the MacLees by the Mediterranean Sea when a dark cell in the secret services had decided on his physical elimination, his marriage to Ann-Mary MacLee following the birth of his son and finally his trip around the world in this same sailboat with his little family to land on this island at the end of the world...
Very young, he had really wanted to come to these distant islands but his wish was closer to a dream than to reality. For a long time, the authorities in his country refused to let young people travel as they wished. An exit permit was required which was very difficult to obtain in order to cross borders. Today, his emotion is great but he refuses to express it too much, because he has become a father and responsible for a family that he must protect.
He would like to write down his new impressions but decides to stop keeping his diary, because the days here will certainly be the same endlessly. Rather, he will keep a diary to transcribe the road map of his work for the completion of the new project, the work of which will be limited to food production rather than intensive agricultural projections which the island does not need, which seems to suffer from deforestation due to animals being left free and the use of wood for cooking.
As he walks, he notes with satisfaction that bees and butterflies are visiting the flowers and thus promoting the interaction of the ecosystem on the island. He himself will make beehives to obtain honey, which he was unable to do at Camp Zero, because of the drought. It is the southern side of the island which seems the steepest and least wooded. He sees goats, which run away when they sense his presence. Will he be able to convince the island's inhabitants that these animals must be caught, put in enclosures and fed to produce milk and provide meat? His walk gives him lots of ideas...
Returning from his escapade around noon, Tewfiq Baali smells the welcome meal from afar. One of the meats most appreciated by the majority of inhabitants of the Pacific Islands is suckling pig, which is eaten during tamara'a, cooked in the ahima'a. But due to the religion of the foreign guest, the organizers used fish and chicken as main courses, in addition to a bunch of vegetables and fruits.
This feast is stewed in a deep hole dug in the earth, lined with dry branches, coconut husks and rounded volcanic basalt stones. These are used because of their heat storage power. The fire is lit and maintained. When the stones are hot enough, the food is placed and covered with banana leaves, then sand. (...)
NB/Volume 7 is currently being written.
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Chapitre 1 du Tome 7 : "Nul n'est prophète dans son pays"
Tewfiq Baali et sa famille sont présentés brièvement par John MacLee aux officiels de l'[1]Ile Pitcairn. Ces derniers organiseront pour le lendemain le déjeuner traditionnel offert sur la place principale en guise de bienvenue aux nouveaux arrivants, afin que les uns et les autres fassent connaissance. En attendant, il leur faut installer leurs affaires dans la petite cabane à flanc de colline, à partir de laquelle sera construite leur ferme, de se remettre de leurs émotions et de se reposer un tant soit peu.
Les ouvriers recrutés par l'homme d'affaires, chargés de la construction, utilisent l'unique tracteur collectif de l'ile pour faire acheminer les matériaux de construction et équipements déchargés du cargo vers le site de construction.
«Quelle est ta première impression après le débarquement, dit Ann-mary MacLee à son mari ?
– ... La sensation d'être réellement au bout du monde, répond ce dernier, après un regard circulaire à l'horison bombée du Nord-est et plus bas, vers le rivage escarpé... Mais heureux d'être venu jusqu'ici après une traversée à risques, avec ma famille saine et sauve...
– Ici, nous allons manquer de tout, poursuit-elle, inquiète...
– Certainement moins qu'au Camp Zéro... Mais j'imaginais beaucoup plus d'espaces à valoriser... L'ile est très escarpée...
– C'est un endroit fait pour des retraités... Malgré quelques cultures vivrières et poulaillers, les habitants attendent toujours le ravitaillement offert par les autorités néo-zélandaises...
– Pas question pour moi de prendre une retraite anticipée... Je ferai tout pour tendre vers l'autonomie alimentaire et inciter les gens à faire de même, quitte à leur donner un coup de pouce...
– La majorité des habitants dépassent la cinquantaine et ne seront pas très valides pour participer à de grands travaux...
– Il ne s'agira pas d'ériger ici des gratte-ciel mais de faciliter la vie des gens... Avoir toujours une longueur d'avance avant l'arrivée du ravitaillement, voire à terme, pouvoir s'en passer...
– Les autorités refusent l'arrivée massive de nouveaux migrants... Les ouvriers venus avec nous doivent repartir sitôt leur travail terminé...
– J'ai su que la démographie ici est négative... Il y a plus de morts et de départs définitifs que de naissances...
– L'ile ne dispose pas de ressources suffisantes pour favoriser une émigration massive... Les conditions d'installation y sont draconiennes et couteuses... Père a dû négocier serré pour obtenir la concession...
– C'est pourquoi nous devons bosser dur pour gagner notre vie à la sueur de nos fronts...
– Pour ça, je te fais confiance, chéri ! »
Durant l'après-midi, la petite famille s'affaire à donner à leur cabane désaffectée un semblant de commodités. Dans la salle commune, il existe une vieille cuisinière à bois, un potager en marbre noir, une table et deux bancs mais pas de réfrigérateur. Dans la chambre à coucher, il y a quelques bahuts et deux hamacs repoussants de poussière. Seul bémol à leur précaire et provisoire installation : la vue sur la Bounty Bay est superbe !
Le lendemain, Tewfiq Baali visite très tôt, à pieds, les lieus de son ultime débarcadère, afin d'avoir une idée sur les perspectives du travail qui l'attend. L'ile a une superficie de 05 kms2. Très accidentée, son relief est volcanique et la plus haute élévation culmine à 330 mètres. Elle est la seule habitée de l'archipel, les autres, atolls coralliens, étant Oeno, Hendersen et Ducie. Adamstown en est la capitale, la plus petite du monde, dit-on. Il serait plus approprié de parler d'un hameau formés habitations éparses. La population ne dépasse pas une cinquantaine d'âmes, presque tous dépassant la soixantaine, dont certains descendants des [2]révoltés du Bounty. Il y a une mairie qui fait aussi office de compostage pour passeports et commerce de la timbrologie, une école avec une seule classe, une infirmerie sans médecin, un poste de police sans policiers, avec deux cellules de détention, un magasin de ravitaillement, une station météorologique et une église adventiste.
Le climat est de type tropical, le relief boisé, régulièrement arrosé par la pluie mais Tewfiq Baali constate qu'il n'y a pas rivière permanente, seulement quelques ruisseaux disparates, car la terre volcanique semble perméable et ne pas retenir l'eau. C'est le premier grand problème que le jeune homme devine rencontrer pour entamer son projet.
La faune est constituée essentiellement d'oiseaux marins, de poissons de lagons, de crustacés, de lézards et de petits mammifères. Ces derniers étant essentiellement introduits par l'homme (Chèvres, cochons, lièvres, chiens, chats, rats...)
La flore est variée, constituée d'une végétation endémique et d'espèces maraichères ou fruitières introduites par l'homme, telles que le manioc, les légumes, la banane, l'ananas, la canne à sucre et les agrumes.
Les habitants semblent délaisser l'agriculture et comptent sur les revenus générés par l'artisanat et le tourisme, accessoirement sur la pêche, pour arrondir leurs fins de mois. La tension augmente sur l'ile lorsque les vivres viennent à manquer, après un retard de l'arrivée du bateau de ravitaillement venant d'Auckland. A ces moments de rareté, les hommes valides se tournent vers les produits de l'océan, en utilisant les baleinières mises à leur disposition. A l'instar des habitants, les autorités ne semblent pas beaucoup préoccupées par ce risque latent de famine, en cas de retard prolongé de l'approvisionnement, souvent à cause de conditions climatiques cycloniques dans cette région du Pacifique Sud.
En marchant le long de la route principale parfois goudronnée ou bétonnée, des pistes et des sentiers de l'ile où va se dérouler sa nouvelle existence, Tewfiq Baali se remémore toutes les étapes de sa vie : sa naissance à Lembiridi, sa prime jeunesse en Suisse, l'école maternelle à Thônex, l'école primaire et secondaire à Lembiridi, l'université à Mezghena, son service militaire à Shyrta, son idylle avec Fouzya Dorbani, ses missions en convoi militaire à travers le grand Sud, son arrestation par les services secrets, sa torture, son bannissement au Camp Zéro, la transformation par les bagnards du fort colonial en ferme agricole prospère, aussitôt démantelée par l'armée, son aide en qualité de sourcier des nomades N'haggers, sa fuite par Tanega, son retour en Suisse afin d'entamer sa thèse, son retour au pays plus tard pour participer à l'édification nationale, sa mise en résidence surveillée, sa nouvelle fuite en voilier des MacLee par la Mer Méditerranée lorsqu'une cellule obscure aux services secrets avait décidé de son élimination physique, son mariage avec Ann-Mary MacLee à la suite de la naissance de son fils et enfin son tour du monde dans ce même voilier avec sa petite famille pour débarquer dans cette ile du bout du monde...
Très jeune, il avait tant voulu venir dans ces iles lointaines mais son souhait se rapprochait plutôt du rêve que de la réalité. Pendant longtemps, les autorités de son pays refusaient de laisser les jeunes voyager à leur guise. Il fallait une autorisation de sortie très difficile à obtenir pour prétendre traverser les frontières. Aujourd'hui, son émotion est grande mais il refuse de trop l'extérioriser, car il est devenu père et responsable d'une famille qu'il doit protéger.
Il voudrait noter ses nouvelles impressions mais décide de cesser de tenir son journal, car ici les journées vont certainement se ressembler à l'infini. Il tiendra plutôt un agenda pour y transcrire la feuille de route de ses travaux pour le parachèvement du nouveau projet, dont le travail se limitera à des productions vivrières plutôt qu'à des projections agricoles intensives dont n'a pas besoin l'ile, qui semble souffrir d'une déforestation à cause des animaux laissés en liberté et de l'utilisation du bois pour cuisiner.
En marchant, il note avec satisfaction que des abeilles et des papillons butinent les fleurs et favorisent ainsi l'interaction de l'écosystème dans l'ile. Lui-même confectionnera des ruches pour obtenir du miel, ce qu'il n'avait pu faire au Camp Zéro, à cause de la sècheresse. C'est le côté Sud de l'ile qui semble le plus abrupt et le moins boisé. Il aperçoit des chèvres, qui détalent lorsqu'elles sentent sa présence. Parviendra-t-il à convaincre les habitants de l'ile que ces animaux doivent être attrapés, mis en enclos et nourris pour produire du lait et donner de la viande ? Sa promenade lui donne plein d'idées...
De retour de son escapade vers midi, Tewfiq Baali sent de loin l'odeur délicieuse du repas de bienvenue. L’une des viandes les plus appréciées de la majorité des habitants des iles du Pacifique est le cochon de lait, qui se déguste lors du[3]tamara’a, cuit dans l'[4]ahima’a. Mais du fait de la religion de l'invité étranger, les organisateurs ont utilisé du poisson et du poulet comme plats de résistance, en plus d'un tas de légumes et de fruits. (...)
NB/Le Tome 7 est en cours d'écriture.
[1] L'île Pitcairn est située dans le centre de l'Océan Pacifique Sud, à 2 075 km à l'Ouest de l'Ile de Paques et à 2 182 kilomètres à l'est-sud-est de Tahiti.
[2] La mutinerie menée par le lieutenant Fletcher Christian a eu lieu en 1789 à bord du H.M.S Bounty. Le capitaine William Bligh faisait preuve de cruauté envers son équipage et la plupart de ses officiers. Les mutins s'établirent sur l'Ile Pitcairn déserte et excentrée à l'époque dans le Pacifique Sud, pour échapper aux recherches entamées à leur encontre par la couronne britannique. (Wikipedia)
[3] Repas traditionnel organisé lors des fêtes ou mariages
[4] Four traditionnel